Mes vœux au petit monde de l’intelligence économique

Depuis cet automne, l’IE polémique… mais un peu plus que d’ordinaire. Cela commença autour du billet de Guillaume Payre, publié en novembre, en réaction au témoignage télévisé d’un jeune diplômé en IE : L’intelligence économique, une fumisterie intellectuelle et secte académique qui mène au chômage. Bien que contenant plus d’amertume et de colère que d’arguments, il a suscité, à ma grande surprise, de nombreuses réactions. Discréditant son auteur, qui s’est acharné à justifier maladroitement l’inutilité de former des étudiants en IE en France, cet article a également a porté un coup – volontaire ou non – à la réputation du Master IE de Lyon III, dont sortait le témoin de l’émission.

Quelques jours plus tard, la publication de la Cartographie des acteurs de l’IE du MISTE (Master Intelligence Scientifique, Technique et Technologique de l’ESIEE) remue le couteau dans la plaie. Largement critiquée pour ses méthodes d’analyse, notamment sur les blog Actulligence (Cartographie de l’intelligence économique du MISTE : WTF ?) et Demain La Veille (Cartographie MISTEere de l’intelligence économique ou l’art de la gonfluence), ainsi que sur Twitter au moment même de sa diffusion, elle remet  en cause la qualité des enseignements délivrés dans les masters d’IE, ainsi que le sérieux et la neutralité de certains enseignants.

Début décembre, Eric Denécé, directeur du Think Tank CF2R (Centre Français de Recherche sur le Renseignement) publie un article synthétisant les faiblesses de l’IE française : Les mirages français de l’intelligence économique. Même si ses propos sont à relativiser (cette même personne projetait, en 2004, de lancer « Spyland »), ils participent d’une dynamique actuelle de critique, fondée ou non, à l’égard de l’IE, que je ne suis pas seule à avoir remarquée, comme en témoigne le récent et fort pertinent article de Patrick Cuénot sur son blog, Un chargé de veille se fait l’avocat de l’intelligence économique ou encore le titre de l’article de Francis Beau, Et si les difficultés rencontrées par le concept d’intelligence économique puisaient leur source dans son acte fondateur ? publié sur son blog le 5 janvier.

Voici donc, puisqu’il n’est pas encore trop tard, mes vœux au petit monde, bien imparfait, de l’intelligence économique. En espérant que les actes dépassent en 2011 les mots.

 

Arrêtons le masochisme !

Le concept d’IE étant en France relativement récent et toujours porté par des fondateurs encore en activité,  je serais tentée de dire que ses difficultés ne viennent pas seulement de confusions théoriques ou problèmes de définition du terme, même si sa malheureuse traduction de l’anglais en fait dans la langue de Molière un terme très confus et bien prétentieux à la fois. Le microcosme de l’IE, où chacun se connaît au moins de réputation, pourrait être à l’origine des difficultés de l’IE en France. L’attitude et les propos navrants de certains de ses protagonistes sont autant de freins à son développement et fournissent à ses détracteurs le plus beau des bâtons pour lui taper dessus.

La découverte de la notion d’IE, qui m’a séduite par sa pertinence et poussée à reprendre mes études, a laissé place, après quelques rencontres professionnelles, à de multiples interrogations, que ne devraient pas avoir un jeune diplômé.

J’ai été surprise par ces plaintes à répétition dans la bouche de conférenciers, de consultants, de membres d’organisations ou encore chefs d’entreprises. A les écouter, l’IE en est encore à ses balbutiements, elle ne se vend pas, les entreprises peinent à l’intégrer, les dirigeants y sont hermétiques… Leurs discours étrangement bien rôdé, était répété depuis des années par les uns et repris à l’identique par les autres avec une habitude implacable. Lorsque votre premier prospect, à qui vous venez de présenter fébrilement votre projet de veille, en retour vous demande votre opinion sur l’intelligence économique en France, cela a de quoi vous désarçonner… et vous ramener à la réalité. Lors de colloques, conférences et salons, les langues se déliant autour d’une coupe de champagne, j’ai également appris que le microcosme de l’IE, loin d’être coopétitif, comme je l’imaginais naïvement, était le théâtre d’une véritable guerre de chapelles. (La tentation de la cartographie de réseau, comme on me l’a apprise en cours, est d’ailleurs toujours grande…) Quoi de plus naturel en effet pour des personnes qui ont adhéré aux principes et pratiques de l’IE, que de se livrer de manière professionnelle et personnelle à une guerre d’influence ?

Je me suis un temps inquiétée, en tant que jeune active du secteur, de ces discours pessimistes sur le marché de l’IE en France et du climat qui régissait les relations entre ses acteurs. Après m’être demandée, comme certains aiment à le faire, « Pourquoi l’IE ne marche pas en France ? », j’en suis venue à cette question plus pertinente : « Pourquoi répète-t-on que l’IE ne marche pas ? ».

Même si c’est une vieille tradition en France, surtout en période de morosité économique, de se plaindre à tout va, l’IE concentre une proportion de plaintifs particulièrement importante ! Toutefois, je n’ai pas encore vu l’un d’entre eux changer de métier, malgré leur discours. Ces personnes ne se plaindraient-elles pas uniquement pour justifier leurs actions de communication par la nécessité de promouvoir encore et toujours le concept d’IE ? Ou bien pour dissuader les nouveaux venus de se placer sur le même marché qu’elles ? Ou encore pour faire croire à leurs concurrents qu’ils sont inoffensifs ?

Quoi qu’il en soit, l’une des principales difficultés de l’IE en France est celle du discours globalement négatif qui en émane de ses acteurs : comment s’étonner qu’elle ne marche pas si l’on en pointe sans cesse les difficultés, si chacun en redonne une définition personnelle, si ses acteurs offrent aux chefs d’entreprises et média le spectacle de leur discordance ? Si les acteurs du petit monde de l’IE faisaient chez eux ce qu’ils préconisaient chez les autres, ils donneraient une image de l’IE plus fidèle à la réalité et élargiraient un marché aujourd’hui trop étroit pour leurs ambitions.

 

Bannissons orgueil et préjugés

L’état d’esprit « particulier » de ce petit monde pose, selon moi, une deuxième difficulté, et non la moindre, à l’épanouissement de l’IE en France : c’est celle du manque cruel de communication et de compréhension entre la première génération d’acteurs de l’IE, qui s’accroche aux acquis de son expérience pour garder sa place, et la nouvelle génération, en quête de partage d’expérience et de soutien pour prendre la relève.

A un moment où le passage de relai entre les pères fondateurs et leurs disciples est inévitable – car le temps passe, faut-il le rappeler ? – chacun stagne, campé sur sa vision des choses et de l’autre. Les aînés, pour qui partage semble synonyme de perte d’influence et écoute synonyme de faiblesse, se montrent plus que réticents à établir un dialogue avec les jeunes et restent fièrement retranchés derrière des structures qu’ils ont eux-mêmes créées ; ils peinent visiblement à se renouveler, à convaincre, et deviennent ainsi l’objet de critiques, voire de railleries, de la part des jeunes. Ces derniers, dont la voix est superbement ignorée par leurs aînés, commencent à leur tour à les rejeter, creusant ainsi un fossé qui pourrait devenir la tombe de l’IE à la française.

Je ne prendrai qu’un seul exemple, assez représentatif de la situation. Pourquoi la création, le 14 décembre dernier, du SYNFIE (Syndicat Français de l’Intelligence Economique) a été critiquée ? Hors contexte, l’initiative pourrait être saluée, et pourtant elle a largement prêté à sourire car elle émane uniquement et précisément de la FéPIE (Fédération Professionnelle des Professionnels de l’Intelligence Economique), déjà pas très populaire auprès de la nouvelle génération, pour qui elle s’apparente à une coquille vide au manque flagrant de transparence (Pourquoi la liste des adhérents n’est-elle pas publique ?)

L’annonce de la création du SYNFIE révèle le manque de renouvellement de l’IE : sur les vingt membres fondateurs qui constituent son Conseil d’Administration, dix huit sont également au Conseil d’Administration ou délégués régionaux de la FéPIE ! Comme si cela ne suffisait pas, on apprend que le président de la FéPIE est également nommé président du SYNFIE ! On pouvait difficilement faire plus caricatural… Comment demander alors aux professionnels de réussir à différencier SYNFIE et FéPIE ? Comment espérer séduire avec le SYNFIE ceux pour qui la FéPIE est déjà discréditée ? Et que penser de la création de ce syndicat, à l’initiative d’une seule entité, une fédération professionnelle ? Pourquoi n’y a t-il pas eu de groupes de discussions publics sur le sujet pour créer une structure réellement représentative des professionnels du secteur ? Où sont par exemple les jeunes professionnels ? Le syndicat n’a t-il pas été créé pour l’avenir de l’IE ?

Je crains malheureusement que cette initiative, sans doute maladroitement menée et annoncée, ne conduise à un échec, du moins pour les professionnels du secteur. La période de transition entre deux générations est pourtant un moment idéal pour engager des débats constructifs et donner un second souffle à l’IE. La première génération souhaite-t-elle vraiment partir sans connaître celle qui lui succèdera, sans pouvoir lui prodiguer ses conseils ? Tient-elle tellement à son statut de fondatrice qu’elle serait prête à sacrifier le travail qu’elle a accompli durant ces années ? A-t-elle conscience qu’elle se discrédite de jour en jour aux yeux de celle qui prendra sa place, et qu’elle risque de ne pas laisser derrière elle l’image qu’elle mérite ?

 

Collaborons pour nous renouveler

 La critique gratuite, sans argument ou proposition, est assez répandue par la nouvelle génération de praticiens et pourrait lui être reprochée par ses aînés, qui en sont souvent à l’origine. Méfions-nous, c’est justement ce genre de comportement qui mène tout droit à l’immobilisme et aux guerres de chapelles. Il serait vain espérer sortir de cette situation en répétant les erreurs que nous nous amusons à pointer  du doigt aujourd’hui !

Bien qu’il soit difficile de tendre la main à des aînés qui, pour beaucoup d’entre eux, restent volontairement les bras dans le dos, il faudrait donc que nous fassions tout de même cet effort maintenant. Contrairement à eux, nous sommes pleins d’énergie et motivés par notre avenir : les rares qui seraient disposés à nous recevoir et à confronter leurs idées aux nôtres seraient d’une précieuse aide pour l’avenir de la profession.

Forte de la collaboration de deux générations complémentaires, l’IE pourrait profiter de sa poussée médiatique actuelle et du renforcement annoncé de la Politique Publique d’Intelligence Économique (Communiqué du Conseil des Ministres du 8 décembre)  pour se faire connaître et reconnaître, pour faire sortir de son monde les débats qui l’animent et proposer enfin des idées novatrices, capables de convaincre les entreprises.

Aujourd’hui, seuls les aînés sont capables de se faire entendre à l’extérieur du microcosme, de profiter de ce regain d’intérêt des médias généralistes pour l’intelligence économique. Et cela parce qu’ils ont eu le temps de bâtir des structures professionnelles les représentants. Si nous refusons d’y prendre part aujourd’hui, nous nous excluons des circuits « officiels », reconnus (car seuls existants peut-être) par ceux qui ne sont pas de la profession et réduisons nos chances de nous insérer durablement sur le marché. Nous courons ainsi le risque de voir l’intelligence économique mourir avec ses fondateurs, de voir ses structures perdre toute leur consistance et devoir tout reconstruire à la hâte dans quelques années. 

Au lieu de critiquer sans cesse la génération qui nous précède, intéressons-nous plutôt à ses acquis et offrons-lui en échange notre nouveau souffle. Une relation gagnant-gagnant est réalisable si chacun joue le jeu. Toutefois, le rapport est aujourd’hui déséquilibré car les jeunes, contrairement aux séniors, ne parlent pas d’une voix et pourtant leurs positions et propositions convergent bien souvent. Qu’attendons-nous pour nous réunir et aller ensemble au-devant de nos aînés, s’inviter dans les débats et construire avec eux l’avenir de notre métier ? Est-ce le rôle de ceux qui vont partir à la retraite de décider seuls de notre avenir professionnel ?

Je souhaite donc aujourd’hui l’émergence de leaders capables de réunir les jeunes professionnels de l’IE et de faire entendre leur voix face aux anciens pour commencer. Je souhaite que l’IE prenne un coup de jeune et s’affiche au grand public comme un concept crédible, nourri d’expérience et de collaboration, mais aussi comme une profession structurée, riche de la diversité de ses métiers.

Et vous, que souhaitez-vous pour l’intelligence économique ?

15 commentaires pour Mes vœux au petit monde de l’intelligence économique

  • Olivier SOULA

    Je suis tout à fait d’accord avec vos analyses, mais je ne partage pas tout-à-fait vos conclusions quant à la possible collaboration entre jeunes et anciennes générations. Pour moi, c’est le point de départ de l’ancienne génération qui est vicié et la jeune génération doit construire autre chose, par eux-mêmes, sans regarder en arrière. C’est ce que j’ai essayé d’expliquer ici : http://fenetre-ie.blogspot.com/2011/01/lintelligence-economique-doit-en-finir.html.

    Vous avez raison par rapport à la critique gratuite (moi-même j’ai peur d’y avoir contribué dans l’article sus-dit) mais je crois que la jeune génération a une typologie radicalement différente de l’ancienne. La plupart des « pères fondateurs de l’IE » viennent du domaine militaire ou de celui du renseignement. Aujourd’hui, nous sommes avant tout des professionnels attentifs aux réels besoins des entreprises. Le problème de l’IE en France est que l’on a tenté de l’imposer du haut (l’Etat, l’université) vers les entreprises. Aujourd’hui, nous, jeune génération de l’IE, nous devons être humbles et intégrer l’entreprise par une compétence complémentaire (communication, marketing, community manager, qualité, etc.) afin d’amener petit-à-petit l’entreprise à prendre en compte le rôle de l’information et l’importance de sa gestion pour la compétitivité. L’intelligence économique est une compétence collective de l’entreprise et doit se diffuser naturellement sur le modèle peut-être de ce que fut la démarche qualité il y a quelques années.

    Par conséquent, je ne pense pas que la jeune génération a besoin de s’exprimer dans les médias mais plutôt de s’exprimer à l’intérieur des entreprises. L’IE sera devenue une véritable démarche opérationnelle en entreprise lorsqu’on ne se souviendra plus de ses « pères fondateurs ». Soyons donc plus sages que nos aînés.

  • Information CLADe (Laurent Duval)

    Que les querelles de clochers en intelligence économique, entre theoria (theorie) et praxis, (pratique), avec réduction d’ego à la clef, se transforment en alliance constructive entre techne (techné, tekhnè , savoir-faire) et poiesis (poïétique, étude des potentialités débouchant sur la création).

  • Merci pour vos remarques. Je cherche justement à connaître l’opinion des lecteurs quant à une éventuelle collaboration des générations. (J’ai en effet autant de doutes sur la volonté des aînés à collaborer que celle des plus jeunes…)

    Pour moi échanger avec les séniors ne signifie pas « regarder en arrière » ; c’est plutôt comme jeter un coup d’oeil au rétroviseur avant de doubler (ce qui, ma foi, peut se révéler bien utile

    Je suis d’accord avec vous sur la nécessité pour l’intelligence économique de devenir opérationnelle avant tout. Cependant en quoi l’opérationnalité empêcherait-elle la nouvelle génération de se rencontrer, d’échanger, de structurer la profession ? Il ne s’agit pas ici de refaire le concept, de vouloir imposer des règles… Toute organisation professionnelle se révèle utile quand il s’agit de représenter ses membres, de structurer leurs métiers, ou encore de se défendre… Je ne suis pas sûre que l’IE soit aujourd’hui assez crédible et solide pour s’en passer.

    Quant aux médias, ils sont justement l’un des moyens de s’exprimer en entreprise, et permettent de pénétrer dans celles qui ferment encore leurs portes et leurs esprits à nos pratiques. Si l’on ne doit pas imposer fermement une démarche d’IE, rien n’empêche cependant de donner un petit coup de pouce à son développement « naturel » en entreprise…

  • Merci Laurent pour votre voeux, sur lequel je vous rejoins complètement !

  • Terry ZIMMER

    Merci Mélanie pour cet excellent article qui brosse parfaitement la situation actuelle.

    Il est vrai que la jeune génération dont je fais partie commence à s’exprimer.
    Parfois maladroitement, de façon assez anarchique comme tu le soulignes. Mais vu que c’est un mouvement assez récent, de par l’ampleur qu’il prend, notamment grâce aux réseaux sociaux qui y contribuent, je serais tenté de dire que c’est au moins un début.

    Je suis convaincu que notre discours va se structurer, converger et s’apaiser. J’en veux pour preuve l’excellente initiative des VeilleLabs, dont les initiateurs appartiennent à cette nouvelle génération, mais qui font venir un public de tous âges, simplement désireux de se rencontrer et d’échanger sur leur métier ou leur passion.

    Mais de ce que je ressent, je trouve que c’est moins une fracture générationnelle qu’une fracture culturelle.
    D’une veille assez fermées, plutôt discrète, nous passons à une veille ouverte, collaborative, essayant de brasser l’intelligence collective de l’entreprise.
    Les nouveaux médias bouleversent nos métiers, et modifient nos ADN.
    C’est ce virage et cet état d’esprit qu’il faudra prendre ou disparaître, et l’âge ne fait rien à l’affaire.

  • Information CLADe (Laurent Duval)

    Après la lecture de l’article de O. Soula (et des voeux plaisants et plein de sens de M .Gérault), je rebondis sur cette querelle entre anciens et modernes. Je confesse un âge intermédiaire entre le vieux c… et le jeune c…, et une certaine candeur sur l’intelligence économique (découverte qui m’est récente, je suis encore dans la passion torride). Je ne suis pas complètement le propos de O. Soula, pour différentes raisons en vrac, mais triés :
    1) malgré différentes définitions, l’ambiguïté du vocable d’intelligence économique et les problèmes de traduction-trahison (auto-promotion minuscule .), le passif de certains acteurs, je suis aujourd’hui convaincu, par expérience professionnelle, que la capacité à l’IE est en effet un « état d’esprit », qui requiert une combinaison de modestie (ceux qui savent tout n’ont rien à apprendre de l’IE, je rejoins ici votre « l’important est d’être humble »), de curiosité (ceux qui ne s’intéressent qu’à leur propre besoin passent leur chemin), de capacité à communiquer (une part d’intelligence collective me semble nécessaire), de capacité de travail (pour poser les bonnes questions, notamment le « pourquoi », chercher l’information, la recouper, la valider, la retranscrire).
    2) Certains, à la Jourdain, ont la curiosité (je reviendrai ultérieurement, plus tard et autre part, sur ce vocable, qui me semble aujourd’hui clef) pour cette discipline, d’autres non. Je pense que c’est une tendance « acquise » jeune (peut-être innée, mais c’est un débat indécidable). Et passé un certain âge, c’est « inconvertible ».
    3) il existe des approches pragmatiques, comme la méthode MADIE(c). Celle que je préfère est « la bonne information, à la bonne personne, au bon moment », qui synthétise les quatre qualité sus-mentionnées.
    4) croire que tous les chefs d’entreprises, DG, CEO, par principe ou fonction, seraient aptes est un peu illusoire, voir notamment les propos de Eric Delbecque, confirmés, à la conférence Skema « Intelligence économique, tendances et défis du futur » du vendredi 21 janvier (allez, un agenda ici .)
    5) de surcroît dans un contexte industriel, de structure, avec les lourdeurs associés, je retiens (d’après H. L’Huillier, à l’IHEDN) qu’un porteur d’IE dans l’entreprise doit souvent être âgé, pour avoir le cuir tanné, l’expérience, peu de risque de carrière et une certaine crédibilité, pour dire à une DG des choses qu’elle ne veut/peut/sait pas entendre
    6) que l’IE, le temps qu’elle murisse, est en partie définie en creux, par ce qu’elle n’est pas (d’après H. L’Huillier) : ce n’est pas la veille, ce n’est pas la stratégie, ni l’influence, ni la sécurité, ni la prospective, ni la sureté. Mais peut-être un mortier de ces différentes activités.

    Donc bienvenue à toutes les bonnes volontés pour définir l’IE de demain, sans oublier celle d’aujourd’hui, s’appuyant sur celle d’hier (c’est dans les vieux pots…), en évitant le dénigrement et le ressentiment, qui peuvent être compréhensibles en cours d’études, devant une offre bloquée. Il est un domaine, où deux c… qui causent, un jeune et un vieux, peuvent faire une économie qui marche. J’espère que c’est celui-là.

  • Olivier SOULA

    Merci à Laurent Duval pour toutes ces réactions très enrichissantes vis-à-vis de mon article. Je voudrais juste préciser que je n’oppose pas les « vieux » et les « jeunes », j’oppose deux lignes idéologiques concernant l’IE : celle qui prévaut actuellement (et qui, accessoirement, est très suivie par beaucoup de « jeunes ») et celle qui est à construire. En gros le conservatisme et la révolution pour parler en termes politiques. L’offre est bloquée ? Et bien créons-là ! Moi-même, en ayant pratiquement aucune expérience professionnelle, j’ai été pris pour un stage de fin d’étude assez rapidement dans une grande entreprise française. Je vais être direct : je crois que les jeunes diplômés en IE doivent surtout se bouger le cul !

  • Information CLADe (Laurent Duval)

    Il se trouve que j’enseigne des matières plus scientifiques en écoles d’ingénieurs, et mon message est analogue : c’est aux jeunes arrivés d’impulser de l’innovation, car ils ne sont pas encore sclérosés par la routine et la résistance à la nouveauté de bien des grosses structures. Avec modestie, car on ne peut pas souvent faire table rase du passé 1) quand on le connaît mal 2) quand on n’a pas de pratique, et que les cours sont à peine digérés. Je pense donc que votre vision anciens/modernes n’est (malheureusement) pas réservée à l’intelligence économique. N’oublions pas d’être diplômé en XXX n’est pas toujours le gage d’être compétent en XXX. Il faut persévérer, néanmoins. Profitez bien de votre stage !

  • Christophe Deschamps

    Bonjour,

    Moi-même et quelques autres (ils se reconnaîtront), sommes d’une génération positionnée entre les deux que vous décrivez. Nous oeuvrons depuis longtemps déjà pour la promotion de l’IE parce que, comme vous, nous y croyons. Et pourtant nous ne sommes pas plus que vous représentés dans les instances que vous citez. Volonté de notre part ou refus de ces dernières de nous intégrer (voire de nous contacter). Sans doute un peu des deux. Je parle ici pour moi mais je ne me reconnais clairement pas dans les structures fermées qu’elles représentent. Il faut dire que je ne me définis pas comme praticien de l’IE. On est pas « intelligent économique » comme on est comptable.

    Ces messieurs, pas tous sans doute, forment un réseau informel, ils partagent des codes, des expériences. Ils sont issus d’un monde et d’une période où l’on trouvait peu d’informations utiles en mode ouvert (renseignement mili ou civil). Je schématise certes (et je parle beaucoup en fonction de mon ressenti car je n’ai pas de chiffres à avancer) mais je pense que c’est avec cette grille de travail qu’ils ont abordé le renseignement commercial et l’IE, charriant sans le vouloir dans leur sillage les inévitables barbouzeries et basses-oeuvres qui y étaient associées et que, d’autres, moins scrupuleux qu’eux, se sont empressés d’accomplir.

    Il fallait un point de départ et finalement le renseignement d’Etat et ses méthodes éprouvées en était un plutôt bon, à condition de l’adapter à la réalité en marche : une complexité socio-économique que la mondialisation rendait croissante et qu’internet reflétait. On oubliait que le web permettait dorénavant, par recherche, corrélation, compilation, analyse… , de déduire des infos qui n’étaient auparavant accessibles qu’aux initiés. Tout comme il permettait aux entreprises de s’exprimer, d’influencer. Ainsi d’ailleurs qu’à leurs clients, salariés, partenaires… (cf. Wikileaks & UBS). On oubliait la difficulté de lecture de champs économiques impliquant des jeux d’acteurs de moins en moins binaires. Bien sûr le petit noyau d’infos qui mérite de rester secret existe et existera toujours, irréductible, mais pourra t-on un jour prouver que le « retour sur investissement » qu’il permet au regard du risque qu’il entraîne, du temps et de l’argent qu’il nécessite bien souvent, est supérieur à celui dont un bon système de veille mêlant web, renseignement humain et travail collaboratif est capable. Et nous touchons ici l’un des paradoxes de l’IE : finalement tout le monde aimerait accéder à de l’info noire et jouer à James Bond, faire partie des initiés parce que c’est excitant mais alors ce ne serait plus de l’IE, juste de l’espionnage industriel. Le mythe du « big game », celui où la proximité d’avec l’info noire fait monter l’adrénaline, est la référence et le reste est accessoire, un accessoire très encombrant dont il faudra bien finir par tenir compte …

    Ce Graal, inaccessible car interdit, que représente l’information secrète est, je crois, le mythe auquel beaucoup d’entre eux se rattachent encore inconsciemment je pense, autant qu’ils auto-entretiennent ainsi l’illusion d’un « monde d’avant » dans lequel leur expertise était unique. Pour quelques raisons simples, il se trouve que ce sont les mêmes qui ont l’oreille de structures étatiques s’occupant de cette thématique, comme si la complexité des situations socio-économiques actuelles pouvait finalement se résumer à un seul son de cloche. Il est clair cependant que certaines affaires continueront de se traiter au niveau des seuls états-majors des entreprises et de l’Etat, en concertation ou pas, pour le meilleur et pour le pire (cf. l’affaire franco-française Matra-Hachette (actuel Lagardère) contre Thomson-CSF racontée par Pierre Siramy, avec parti-pris de la DGSE pour le premier) et avec les risques de plus en plus importants de fuite que l’on voit actuellement. Mais ceci n’est qu’un aspect parmi d’autres de l’intelligence économique et ne concerne qu’un très faible pourcentage d’acteurs. D’autres facettes de l’IE sont déployables heureusement et à d’autres niveaux. C’est ceux-là qui manquent de visibilité.

    Je ne crois pas du tout à une société où l’information serait toujours et partout transparente, c’est à mon sens le mythe inverse du précédent, mais je crois en revanche que le curseur se déplace, ce qui était de l’ordre du stratégique il y a 10 ans, les moyens d’y accéder et les compétences pour y parvenir ont changé. Le « règne de la quantité » est là et les outils, méthodes, process qui permettent d’en exploiter les conséquences informationnelles suivent.

    Attention aussi à l’angélisme qui voudrait que les jeunes générations soient plus promptes à partager et à collaborer. Ce qui est vrai lorsqu’il s’agit d’atteindre un objectif devient vite faux une fois l’objectif atteint…

    Enfin, à la différence de M. Soula, je ne pense pas qu’il faille oublier les « pères fondateurs » car ils ont publié des perles auquel il est bon de revenir (relire simplement le rapport Martre). Je crois en revanche qu’il faut continuer à suivre ce qui s’écrit et se pratique en ce domaine et le confronter en permanence à ce qu’ils ont apporté ou à ce que l’on a soi-même expérimenté. Rentrer définitivement, en fait, dans le monde de l’adolescence (tardive) de l’IE et en sortir… vite.

    Malheureusement je ne suis pas sûr que l’on puisse être reconnus un jour par ces personnes, les habitudes prises et la vision de l’IE développée sont trop ancrées. Il me semble que la solution passera plutôt par une initiative alternative qui construira un autre pôle d’expertise, plus en phase avec ce que la majorité d’entre nous vivons, et sera alors en mesure d’entamer le dialogue d’égal à égal.

    Merci pour votre article qui pose clairement un problème ressenti par nombre d’entre nous et qui m’a permis de déployer une hypothèse que j’espère utile. Et désolé pour la longueur, cela m’a mis en verve

  • Patrick Roccia

    Débat passionnant. Avec ma modeste expérience, je crois que l’IE souffre de trois maux qu’elle doit soigner pour retrouver la santé.
    Le premier mal est une maladresse de conception. Traduction foireuse (Intelligence), parents incestueux (renseignement militaire et soupçon d’illégalité), définition englobante (à l’heure où seule la dimension financière comptait). Bref, l’eau des fonds baptismaux n’était pas claire en France, alors qu’à l’étranger le sujet était mieux maîtrisé.
    Le deuxième mal est la mauvaise publicité qui a accompagné son adolescence. Tour à tour Saint Graal de la compétitivité économique, activité sentant le soufre, perspectives nébuleuses, autant de facteurs qui ont aggravé la situation initiale. Alors que dans le même temps, des entreprises sérieuses œuvraient dans l’ombre et très efficacement.
    Le troisième mal a été l’irruption de Nouvelles Technologies qui a pu laisser croire à un eldorado facile avec une connexion internet. L’Open Source, OSINT, attrape-nigaud de l’IE, pour le praticien et le client potentiel. L’éclatement de cette bulle IE face aux réalités lui a coupé ses ailes naissantes. Alors que des petites structures performantes assuraient, en toute discrétion, une mission essentielle à l’échelon local.

    A voir l’enthousiasme communicatif de ce forum, et à rappeler un certain nombre de réussites, je me prends à rêver d’un futur plus attrayant.
    Pour cela, il faut un changement de paradigme. Pour que l’IE existe, il faut au préalable un changement de gouvernance des entreprises. Relire à ce sujet Michaël Porter. Elles doivent élaborer une stratégie globale, et pas seulement financière à court terme, à laquelle l’IE donnera de la pertinence, apportera la validité par la connaissance de l’environnement économique, et qu’elle accompagnera tout au long de la mise en oeuvre. Les récentes péripéties sont-elles de nature à infléchir la tendance ?
    Est-ce une utopie ?

  • Merci à tous pour vos réactions !

    @Terry: Je te rejoins sur un point : les VeilleLabs sont une initiative à saluer ! Outre leur sympathie évidente, ils contribuent à la communication et l’échange d’expérience entre les jeunes professionnels de l’IE. C’est très bon signe pour l’avenir.
    Si leur public est constitué de personnes de tous âges, les jeunes actifs – les mêmes qui sont présents sur les réseaux sociaux – sont quand même surreprésentés, me semble t-il (et l’on y trouve personne de l’âge des fondateurs de l’IE… ou je me trompe ?)

    @Laurent @Christophe (et @Frédéric qui a réagi sur Twitter) : Concernant l’âge de ce que j’ai appelé les « jeunes profesionnels », je voudrais apporter une précision, puisque certains ici semblent s’en sentir exclus à tort. Ces « jeunes professionnels » s’opposent aux anciens non pas tant par leur âge, mais plutôt par leur pratique de l’IE et la manière dont ils sont venus à ses métiers (je vous renvoie au commentaire explicite de Christophe ci-dessus). Toux ceux qui, par exemple, ont réagi à cet article sont donc inclus dans cette catégorie, que j’ai visiblement mal nommée !

    @Christophe : Merci pour l’exposé détaillé de ton hypothèse, que j’approuve totalement.

    Pour finir, si j’en juge à vos réactions (ici et sur Twitter), vous êtes plutôt d’accord avec ma description de la situation actuelle, mais cela semble vous déranger beaucoup moins que moi. J’ai l’impression d’être quasi seule à ressentir le besoin de voir représentée la nouvelle génération dans les instances officielles, à craindre qu’un manque de représentation aujourd’hui ne nous nuise demain.
    J’en déduis que la nouvelle génération a une grande confiance en elle et qu’elle se prépare plus à assumer une reconstruction qu’à prendre une relève dans les années à venir.

  • Frédéric Martinet

    Bonjour,

    Bon tout d’abord désolé pour ma réaction tardive mais c’est plutôt rassurant car cela veut dire que j’ai du travail dans la veiulle stratégique et l’intelligence économique qui ne me laisse pas assez de temps pour faire ce que je veux.

    J’avoue aussi avoir hésité à répondre, à réagir.

    J’ai commencé ma carrière dans l’IE par un conflit avec l’un de ses acteurs. Un héritier du rapport Martre. Disons que cela ne m’a pas aidé à avoir une opinion perplexe voire contestataire sur l’establishment visible de l’intelligence économique en France.

    Je fais partie de l’entre deux générations de l’Intelligence Economique.

    En 2001 je me souviens d’avoir eu les mêmes débats que ceux que tu soulèves aujourd’hui Mélanie avec l’administratrice et créatrice de la liste IE Network.

    J’ai pour ma part essayé de me battre, de mobiliser, d’inciter à la prise de position mais c’est une chose bien difficile sur ce qui reste un marché de niche. Tu as pu je crois y assister en direct.

    Il est fort dommage qu’un Haut Responsable à l’Intelligence Economique ou qu’un Délégué Interministériel à l’intelligence économique n’ait aucune notion de ce que peut être un échantillon représentatif et que la sélection d’interlocuteurs se limite toujours aux mêmes cercles, aux mêmes réseaux.

    Mais après toutes ces années je me suis lancé pour voler de mes propres ailes. Et il est clair que l’intelligence économique ne se passe pas au Synfie ou à la Fepie qui n’est représentatif que d’une sphère limitée et cosanguine de ce microcosme de l’intelligence économique, pas non plus dans les Ministères, ni sur les tribunes.

    Malgré toutes les volontés de l’Etat de faire croire que l’IE est un outil d’Etat, ce n’est pas le cas. L’IE se passe dans les entreprises. Et le tissu de ces professionnels est riche, vaste, passionnant et foisonnant d’idées. J’y rencontre chaque jour des cinquantenaires, des jeunes diplômes qui ont tous en commun ce sens aigu de la remise en question, de l’observation, et une énergie infinie pour se tenir à la pointe de leur métier autant en termes d’analyse que de collecte d’informations.

    C’est dans ces endroits que se passe l’intelligence économique, qu’elle se crée, se développe et que des projets y voient le jour.

    Mobiliser de l’énergie pour être dans ces « sphères » étatiques et institutionnelles pourquoi faire finalement ?

    Avons nous réellement du temps à perdre dans des réunions ou des conférences où les vraies questions et les vrais problèmes ne sont jamais abordés ? Voulons nous vraiment participer à un énième livre blanc ? Organiser la énième conférence sur l’intelligence des campagnes ou l’intelligence RH ou l’intelligence comptable ?

    Pour la plupart nous avons fait le choix d’avoir nos lieux d’expression de nous construire nous même professionnellement et de compter sur nous pour construire notre réseau et notre avenir de professionnel et d’entrepreneur.

    Nous nous retrouvons dans ces endroits qui nous appartiennent et où nous avons notre libre parole d’expression. Nous échangeons, ,nous réunissons, publions, twittons. Nous construisons un réseau humain et professionnel. Dans ces réseaux, comme par hasard nous ne croisons jamais d’institutionnels ou presque. Ils ne prennent jamais la parole. Et pourtant ils n’ignorent pas les idées qui germent ni nos publications que j’ai régulièrement retrouvé dans des newsletters de CCI, dans des portails institutionnels, dans des lettres ministérielles…

    Je ne doute pas qu’un jour lui donner officiellement la parole sera incontournable.

    En ce qui me concerne, le jour où j’y serai présent ce ne sera pas pour jouer les passe plats ou les faire valoirs mais pour mettre un coup de pied dans la fourmillière.

  • @Frédéric : Merci pour ce commentaire.
    Tes propos viennent renforcer l’idée ici majoritaire selon laquelle tenter d’engager un dialogue intergénérationnel aujourd’hui demanderait trop d’efforts (peut-être vains d’ailleurs) et de temps à des professionnels déjà bien occupés à se faire une place (ou à la maintenir) sur le marché. C’est un point de vue tout à fait compréhensible : par les temps qui courent, qui peut dire – en particulier chez les jeunes actifs – qu’il n’est pas préoccupé avant tout par son propre avenir professionnel ? L’individualisme est très présent.
    Peut-être qu’après tout, nous devons simplement continuer à échanger librement, à nous rencontrer, à nous faire notre place… et attendre quelques temps que le champ soit libre pour prendre la parole « officiellement ». J’ai tendance à penser que ce qui demande le moins d’efforts se révèle souvent moins payant à long terme, mais peut-être que sur ce coup-là j’ai tort (Je ne reconnais pas définitivement que j’ai tort, mais c’est à méditer en tout cas…)

  • Frédéric Martinet

    @Mélanie : Tu me comprends mal Mélanie

    D’abord je ne suis pas sur que notre démarche soit si individualiste que cela. En tout cas en ce qui me concerne j’ai toujours à coeur de travailler avec des partenaires, avec des personnes et avec des amis parfois de qualité. Que ce soit sur une conférence, sur une mission, sur des publications si l’occasion se présente.

    Construire un réseau basé sur les affinités personnelles et professionnelles ce n’est surtout pas de l’individualisme non plus. Construire un réseau doit se faire sur des bases donnant – donnant.

    Je ne vois pas plus d’individualisme ni de recherche de son propre intérêt dans notre démarche que de ce que je peux voir dans différentes institutions…

    Quant aux efforts, en ce qui me concerne, j’en ai fourni pendant 10 ans, je continue à en fournir et je continuerai également. Mais je suis sur que des jeunes professionnels (plus jeunes que moi) tels que toi oui d’autres que j’ai croisé autour de charbons ardents entre autre ne lésineront pas sur les efforts non plus.

  • Frédéric Marin

    Pour le coup, je suis diablement en retard, mais mes voeux accompagnent l’IE et ses praticiens, tout d’abord, ses chercheurs, également, ses théoriciens, ainsi que ses pères fondateurs.

    Je me présenterais personnellement plus comme un praticien de l’entreprise que comme un spécialiste de l’IE, du moins du point de vue de ma formation et de mon parcours professionnel. Il m’est également délicat de me positionner en termes de génération, me reconnaissant partiellement dans chacune.

    Je pense que notre domaine se structure en profession organisée, autour, pêle mêle,

    - d’instances représentatives (il faudrait certainement qu’elles le soit plus, mais elles sont là),

    - de cursus d’enseignement supérieur (je pense que l’on forme beaucoup de spécialistes de haut niveau sortant de mastères, aux mesures des grands cabinets et grandes structures ou grands groupes, et infiniment moins au niveau des BTS et IUT, correspondant peut être plus aux besoins des PME),

    - de chercheurs dans des domaines aussi étranges que la structuration du web profond, l’analyse sémantique par flux de données, la gestion collaborative des connaissances, …

    - de pratiques méthodologiques et scientifiques (le marché est malheureusement tenu solidement par quelques fournisseurs de technologie, pesant de tout leur poids sur les formations évoquées, et donnant une connotation forcée à notre activité),

    - de discours officiels portant sur l’IE (l’intelligence économique étant aujourd’hui, où que ce soit, une affaire de nationalisme économique).

    Cette communauté, organisée, est animée par des débats tranchés, se rassemble en courants de pensées, opposant traditionalistes et modernistes, théoriciens et praticiens, fondateurs et refondateurs, …, chacun de ces courants utilisant les canaux de communication en adéquation avec leur culture, sans qu’il y ait véritable intersection ; il y a peut être là quelque chose à faire, après tout, mais pour quel objectif …

    Nous avons, je pense, à répondre à cette question de notre objectif, pour ensuite poser celle de notre stratégie, afin de pouvoir mettre au service du développement de cette stratégie les démarches, méthodes, pratiques, et outils qui sont les nôtres. Ce n’est jamais que ce que nous expliquons aux entreprises que nous prospectons, finalement ?

    et je termine en vous présentant mes voeux, Mélanie, en vous remerciant pour votre analyse pleine de clairvoyance et de pertinence.

    Frédéric Marin – alfeo.org

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