L’intelligence économique vue de Chine

Aymar de Chaunac, vice-président de l’ACIE, a récemment été interviewé par le blog Chinoiseries et ses lecteurs, sur la problématique de l’Intelligence Economique en Chine.

Chinoiseries : En un mot, qu’est-ce que l’intelligence économique ? Plusieurs définitions existent. C’est tout d’abord une traduction approximative du terme anglo-saxon de « business intelligence » qui signifie littéralement renseignement économique. Ensuite, l’IE peut être définie de deux manières différentes selon que l’on se place sur un plan macro ou micro économique. Sur un plan macro-économique, c’est l’ensemble des dispositifs étatiques et administratifs qui permettent, sur un plan offensif, d’acquérir des renseignements stratégiques sur des marchés étrangers et des entreprises qui les composent pour les mettre à disposition des entreprises du pays en question ; sur un plan défensif, tous ces dispositifs permettent d’accompagner les entreprises dans une démarche de protection de leur patrimoine économique. Sur un plan micro-économique, c’est l’ensemble des dispositifs d’une entreprise qui permettent sur un plan offensif, d’acquérir des informations stratégiques sur un concurrent (cellule de veille concurrentielle) et sur un plan défensif, de protéger son savoir-faire (sécurité des systèmes d’information).

Chinoiseries : Quelle est [...]

L’Intelligence Économique en Suède

Selon Philippe Clerc, le modèle suédois serait en difficulté après avoir connu un réel essor dans les années quatre-vingt-dix. L’intérêt de ce modèle reposait et repose encore sur une double originalité : son histoire longue et le dynamisme de réseaux publics et privés très influents. Nous pouvons ajouter que le positionnement géographique, aux frontière de la Russie, et de l’URSS durant le XX° siècle a contribué au développement d’un esprit de vigilance et de sécurité collective, largement basé sur la gestion du secret, ainsi qu’une agilité particulière dans la gestion des relations du faible au fort. « Peut-être est-ce pour cela que la Suède fut et demeure, même pour les Américains, un modèle en la matière. »

L’histoire du développement des entreprises, parmi lesquelles nombreuses sont des leaders internationaux (SKF, Volvo, ABB, Alfa Laval, Electrolux…), est marqué par une capacité à apprendre des autres, à travers des réseaux d’information et de veille concurrentielle. Selon Jan P. Herring, il y aurait plus de cinq cents entreprises qui pratiqueraient l’intelligence économique. Les entreprises l’utilisent plus ou moins, selon leur intégration dans la mondialisation. Le processus d’intelligence économique est donc [...]

Décryptage du sondage : les systèmes nationaux d’intelligence économique

La question que nous posions à nos visiteurs était la suivante:

« Selon vous, quel est le système d’IE le plus performant ? »

C’est le système japonais qui a été largement plébiscité avec 40% des votes. Le système américain vient ensuite avec 29%. Le système français est en troisième position avec 14%. Puis, on a le système chinois avec 11% et enfin le système britannique avec seulement 3% des votes.

Rappel du système d’intelligence économique japonais: Le Japon sort défait de la Seconde guerre mondiale. Il est interdit d’investir dans l’armée. Ce qu’il ne pourra pas investir militairement, il l’investira dans l’économie. C’est en cela que le Japon sort victorieux de la Guerre Froide. Dans les années 90, le Japon est un champion économique mondial. Ce qu’il leur a permis d’arriver à cette place, c’est qu’ils ont réussi à mettre en place très tôt un système d’intelligence économique aussi puissant que discret. Il faut savoir qu’au Japon, il y a une vraie culture de la circulation de l’information. Celle-ci se développe de plus en plus depuis la création en 1945 du MITI, le puissant ministère du [...]

L’Intelligence Économique en Allemagne

« Le système d’intelligence économique le plus performant à nos frontières est le modèle allemand. L’esprit de discipline et le capital technique ne sont pas les seuls facteurs qui expliquent la réussite de nos voisins d’outre-Rhin. Si l’Allemagne est la première puissance économique d’Europe, c’est en particulier grâce à son système national d’intelligence économique. Contrairement au modèle américain, le grand mérite du système allemand est d’avoir un centre vers lequel converge l’ensemble des flux d’information. Ce centre s’est constitué au XIX° siècle lorsque l’Allemagne de Bismarck a relevé le défi de la révolution industrielle pour ravir à la Grande-Bretagne son leadership sur le commerce mondial. L’interpénétration du capital bancaire et du capital industriel a créé de fait dès cette époque une synergie décisionnelle entre les banques et les grands groupes industriels allemands. Certains des éléments de ce modèle ont une antériorité historique plus lointaine encore. Les milliers de sociétés de commerce allemandes, dont les succursales se trouvent dans les ports de la Baltique, trouvent leur origine dans l’essor marchand de la Ligue hanséatique. Le code de la nationalité allemand n’est pas étranger à la complicité manifestée [...]

L’Intelligence économique au Japon

Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le Japon n’a plus le droit d’entretenir une armée puissante. Le pays s’est donc entièrement concentré sur le développement de sa puissance économique. Pour cela, le Japon a mis en place un système d’IE dès les années 1950. Avec le recul, il faut aussi dire que le terrain était particulièrement propice à l’essor de ce système. Tout d’abord, les contraintes géographiques et sociales de l’archipel ont conduit son peuple à une grande solidarité. Massé et Thibault (Intelligence économique : un guide pour une économie de l’intelligence, 2001) nous rappellent que les conditions climatiques hostiles du territoire ont appris aux Japonais à être vigilants et à transmettre aux autres les indices annonciateurs de ces événements. De plus, le Japon est imprégné d’une culture du paraître : il faut arriver à être toujours le plus conforme possible à l’attente des autres. Pour bien paraître, il faut donc se renseigner sur les attentes de l’autre mais aussi communiquer, collaborer et diffuser les informations afin de plaire à ses supérieurs. Ces caractéristiques illustrent bien cette forte culture collective de l’information. Enfin, [...]