L’équilibre de la terreur : on recommence !

Laissons de côté quelques instants l’actualité de la « guerre des monnaies » pour nous pencher sur quelques éléments de perspectives géoéconomiques. Un nouvel équilibre semble se dessiner, équilibre dans lequel l’Union Européenne si elle ne prend pas garde pourrait ne pas trouver sa place.

Joseph Nye évoque les futures relations économiques entre les Etats-Unis et la Chine en faisant une analogie avec l’équilibre lors de la Guerre Froide. Il parle d’« équilibre financier de la terreur »[1]. Son analyse repose sur l’idée que, s’ils sont en compétition, les deux pays sont également interdépendants : si les Etats-Unis ont besoin des capacités de financement chinoises, Pékin l’est tout autant vis-à-vis de la croissance américaine qui reste l’un de ces principaux débouchés, ce à quoi l’on peut ajouter une certaine dépendance vis-à-vis de la capacité américaine à payer les intérêts de la dette. Une vente des bons du trésor américain entraînerait par exemple une hausse des taxes sur les produits chinois. Si les deux puissances peuvent se détruire l’une l’autre, elles n’en sont pas moins interdépendantes. L’avenir proche pourrait voir se développer un équilibre géoéconomique entre ces deux grandes puissances. Cet [...]

Que fait-on en Afghanistan ?

De nombreux journaux et magazines consacrent des dossiers entiers au conflit afghan. De nombreuses conférences et colloques autour de cette problématique s’organisent. Il nous paraît évident de contribuer à ce débat international.

L’importance de ce conflit dans la presse, les colloques, les rencontres internationales démontre à quel point il est central dans l’architecture de la sécurité mondiale. Il est primordial, non pas seulement sur la question de la paix internationale mais aussi et surtout parce qu’il confronte nos systèmes politiques, nos valeurs, à d’autres manières de voir, de se comporter, de réagir et de croire. Il met en prise, au-delà de deux combattants (l’ISAF contre les talibans), deux systèmes d’organisation sociétale.

Il soulève de nombreuses questions militaires, politiques, économiques mais aussi philosophiques. Est-ce que l’être humain, quelque soit son pays avec ses traditions, sa religion peut être satisfait d’une vie sans liberté d’expression et de mouvement. Je n’y crois pas. Je crois que le désir de liberté est inné chez n’importe quel être. Mais je ne suis pas afghan. Je ne connais pas les valeurs de ce pays. Je suis né au pays des droits [...]

Afghanistan: quelle valeur ajoutée pour la France?

A chaque cérémonie d’adieux à des soldats français morts en Afghanistan, la France rappelle par la voix de son pouvoir exécutif qu’elle restera en Afghanistan « autant que nécessaire ».

La première question qui vient à l’esprit est naturellement : que signifie la formule « autant que nécessaire » ? Quels sont les objectifs à atteindre pour que ce qui est « nécessaire » soit atteint ? Qui décide de ces objectifs ? Les politiques, les militaires, la France, les Etats-Unis, les Afghans, la « communauté internationale » ?

On se souvient que les Etats-Unis répétaient également dans les années passées, que ce soit du temps de l’administration Bush ou Obama, que leurs forces armées resteraient en Irak « autant que nécessaire ».

Après 7 années de guerre et un coût évalué par certains experts à 3000 milliards de dollars, les Etats-Unis ont finalement retiré leurs forces combatives d’Irak sans une grande cérémonie heureuse d’adieux, et à un moment où le président Obama désirerait utiliser les fonds dont dispose son administration pour « relancer l’économie locale » aux Etats-Unis, et où nul ne peut prétendre honnêtement que le « nécessaire » ait été « atteint » en Irak. En effet, [...]

Le soft power chinois : deux milliards d’euros pour la Culture

Metis-ACIE vous propose une traduction de l’article « Soft power receives funding injection » écrit par Priscilla Jiao et paru le 25 mai 2010 dans le South China Moring Post en édition anglaise.

Cette traduction s’inscrit en outre dans la lignée de précédents articles visant à traiter la question du soft, hard et smart power :

« Le smart power américain, une certaine idée du pouvoir de l’intelligence » ;  par  S. Wilain de Leymarie pour Métis-ACIE paru le 18 mai 2010 « Influence culturelle : Exemples d’utilisation du sport dans la diplomatie américaine » ;  par C. Legouteil  pour Métis-ACIE paru le 26 février 2010

 « Soft power receives funding injection » – « Le soft power reçoit une injection de financement »

Un fonds de 20 milliards de yuans (2.364 milliards d’euros) pour l’industrie culturelle, soutenue par l’une des plus importantes agences de planification économique, va aider à promouvoir le prétendu « soft power » sur le continent chinois ont déclaré des industriels.

M. Wu Zhong, sous-directeur du Département de Publicité du Parti, a déclaré que les plans pour le fonds, annoncés ce mois-ci à Shenzen, ont été [...]

Le smart power américain, une certaine idée du pouvoir de l’intelligence

Ce billet n’a pas vocation à énumérer et catégoriser les différents corps gouvernementaux et autres entités formant le socle tangible d’une stratégie d’intelligence économique mais examine les fondements culturels à un smart power américain ainsi que les enjeux qu’il présente pour l’Europe.

// De la ruse mais pas que.

La traduction littérale que l’on peut faire du terme smart renvoie directement à l’attitude de ruse et de débrouillardise que toute personne ou entité devrait adopter pour pratiquer une stratégie d’intelligence économique. Mais le concept ne s’arrête pas là. Au-delà de la ruse, c’est tout le savoir, l’expérience et l’habileté qu’une entité peut combiner pour mettre en branle des stratégies concertées et efficaces de résolution de problèmes – qu’ils soient politiques, scientifiques, géopolitiques, environnementaux ou encore sociologiques. Plus qu’un pouvoir de l’intelligence, l’on pourrait donc entendre par smart power : le pouvoir discret d’une sage intelligence dotée d’un entregent humblement avisé.

// La bonne combinaison, au bon moment.

C’est du moins comme cela qu’Hillary Clinton a défini le smart power américain lors de son audition de confirmation devant la Commission des Affaires étrangères du Sénat le [...]

« Les Arabes empêchent le monde entier d’avancer »

Dans une interview accordée au journal Acharq Al Awsat, l’intellectuel saoudien et membre du Conseil consultatif saoudien Ibrahim Al Bilihi, « tire le feu sur la nation arabe ».

RIYAD – De Fath El Rahman Yussuf

Q: La question suivante se pose souvent: pourquoi la nation arabe ne profite pas de ses innovateurs comme le font les sociétés occidentales? Où est le problème, à votre avis?

R: Oui, cela est une vérité indiscutable. Le dilemme des penseurs et des innovateurs arabes a des facettes multiples. Les Arabes ne profitent pas seulement de leurs innovateurs, mais ils les ignorent, les punissent en les isolant, en les marginalisant, voire même en les traitant de traîtres ou d’hérétiques. L’innovateur arabe vit une isolation étouffante. Il est humilié moralement et matériellement, et malgré ses qualités, il n’est pas traité comme il le mériterait. Il dépense ses revenus limités pour l’achat des livres et avoir des sources d’information plus qu’il ne dépense pour les autres côtés de sa vie. Et après avoir passé sa vie à se former culturellement et académiquement, il ne trouve un éditeur qu’après une souffrance frustrante, et si [...]